Le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji est la dernière autorité en date à être entré en scène dans le trop long feuilleton Fécafoot. Le 3 novembre, il a en effet signé et publié un long communiqué pour dire que seul Seidou Mbombo Njoya est légalement autorisé à parler au nom de la Fédération camerounaise de football. Le président intérimaire en poste reçoit donc un autre soutien gouvernemental de poids qui ne mâche pas ses mots, mettant en garde «les usurpateurs et les imposteurs» et menaçant «les contrevenants, quels qu’ils soient, [et qui] seront considérés comme des délinquants et traités comme tels».
Le Minat évoque bien sûr le souci de préserver l’ordre public, mais aussi le contexte de la préparation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) qu’organise le Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022 et qui est devenu le cache-sexe qui autorise désormais tous les abus. On se souvient que, dégommé par le Tribunal arbitral du sport (Tas) qui a annulé son élection comme président de la Fécafoot le 15 janvier dernier, veille de l’ouverture du Championnat d’Afrique des nations (Chan), Seidou Mbombo Njoya a été sauvé par le gong actionné par le secrétaire général de la présidence de la République (SGPR) Ferdinand Ngoh Ngoh, transmettant les «très hautes instructions» du chef de l’Etat Paul Biya sur le besoin de paix et de stabilité à la Fécafoot, par temps de Can.
Aujourd’hui, les deux présumés favoris à cette élection du président de la Fécafoot du 11 décembre 2021 – qui a toutes les chances d’être annulée par la justice sportive vu les nombreuses irrégularités déjà retoquées par la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun (CCA-CNOSC) suite à la plainte du candidat Emmanuel Maboang Kessack-, affichent volontiers leurs soutiens politiques sur les réseaux sociaux : Seidou Mbombo Njoya avec Frank Biya lors de la visite de ce dernier au palais du sultan des Bamoun, et Samuel Eto’o avec Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil à la présidence, au palais de l’Unité. Il faut d’ailleurs dire à ce sujet que le gouvernement n’est ni uni ni cohérent dans le dossier Fécafoot. Le ministre des sports n’avait-il pas demandé en juillet de surseoir à la tenue de l’élection, avant d’être violemment repris de volée par le SGPR…
La Fédération internationale de football association (Fifa) et la Confédération africaine de football (Caf) se sont jusqu’ici étonnamment alignées sur la volonté de M. Ngoh Ngoh, le numéro 2 du palais de l’unité, en adoubant le maintien en fonction du président de la Fécafoot déchu par une décision de la plus haute juridiction sportive dans le monde (le Tas) qui, en temps normal, est quasiment sans appel, le tribunal fédéral suisse n’ayant pas encore remis en cause à ce jour un tel jugement du Tas dont le siège est à Lausanne.
De nouveaux procès en vue
Cette sentence du Tas du 15 janvier 2021 a remis en tout cas sur orbite l’assemblée générale de la Fécafoot de 2009. C’est ainsi que sous la conduite de Albert Mbida, plusieurs administrateurs de la fédération concernés ont décidé de tenir une assemblée générale extraordinaire de la Fécafoot pour «débarquer Seidou Mbombo Njoya et sa bande». L’initiative fait sourire dans le camp du président intérimaire qui vaque à ses occupations à Tsinga. Mais cette aile frondeuse de la fédé, si elle n’est pas encore parvenue à ses fins malgré une communication tapageuse, compte bien s’appuyer sur des arguments de droit pour finir par obtenir gain de cause. Quand ? That is the question !
Ce qui est à peu près certain, le candidat qui sera élu le 11 décembre ne sera pas pour autant installé sur un fauteuil confortable. L’habituel trublion des affaires de la Fécafoot depuis une décennie, Abdouraman Hamadou Babba, l’ex- proche de l’ancien président toujours embastillé à la prison centrale de Yaoundé Mohammed Iya, le promet en tout cas. On peut lui faire confiance, lui qui a fait tomber Tombi à Roko après deux ans de règne triomphal, qui a vaincu divers comités de normalisations bondés d’experts en droit comme les professeurs Joseph Owona, Ephraïm Ngwafor et Adolphe Minkoa She ou l’avocat Dieudonné Happi. On peut aussi présumer qu’une fois la Can de tous les fantasmes passée, même la Fifa ne continuera pas indéfiniment à promouvoir le déni de justice concernant l’administration de l’un de ses membres qu’est la Fécafoot. Si ses propres dirigeants comme le puissant président de la Fifa Sepp Blatter et le non moins puissant vice-président de la Fifa et président de l’Uefa Michel Platini sont un jour tombés, sans pouvoir se relever…