Le président Camerounais Paul Biya, vient de prescrire quatre mesures à appliquer, pour assurer la mise en œuvre de cette libéralisation. Entre autres mesures, il instruit au ministre de l’Eau et de l’Energie Gaston Eloundou Essomba:
de « réhabiliter la CSPH (Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures, Ndlr) dans la fonction de pilotage du processus d’attribution des quotas aux importateurs majeurs du secteur, présentant les profils techniques et financiers leur permettant de procéder immédiatement aux importations », dans une correspondance au ministre d’Etat Ferdinand Ngoh Ngoh.
Cette instruction présidentielle arrive quelques jours après la dernière pénurie d’essence de cette année 2023, observée dans les stations services des principales villes du pays.
De quoi est-il question ?
Des pénuries de carburant devenues récurantes au Cameroun, la troisième, depuis le début de l’année si l’on tient le décompte, se justifie, d’après l’article de Zephirin Koloko, directeur de publication de L’Avenir, dans le journal Tribune Libre:
« non pas à la disponibilité des stocks qui eux n’ont jamais été rares, mais aux tensions de trésorerie auxquelles fait face le Cameroun. Il faut rappeler que depuis quelques années, notre pays fait face à des gageures. L’on a par exemple deux fronts de guerre (Boko Haram et NoSo). Une réalité budgétivore qui empêche l’Etat, d’honorer ses engagements vis-à-vis des marketers qui se retrouvent avec un manque à gagner […] retard dans le remboursement de ces manques à gagner asphyxie les marketers et leurs banques. Ils se retrouvent dans l’incapacité d’ouvrir des lettres de crédit, mode de paiement essentiel pour l’approvisionnement en produits pétroliers ».
À quoi s’attendre ?
L’intervention des acteurs privés, dans la difficile équation de l’investissement et de l’approvisionnement des hydrocarbures sera t-elle suffisante pour éviter de nouvelles ruptures ?
Pour Zephirin Koloko:
« Si les prix sont libéralisés à la pompe, cela signifie que chaque marketer a la possibilité de négocier avec son fournisseur et là, plus de subvention de l’Etat qui se désengage du contrôle des prix d’achat des produits comme cela était encore le cas. Ce qui veut aussi dire que les 250 frs cfa que l’Etat supporte par litre seront introduits dans le prix à la pompe. On quittera alors de 730 frs le litre à 1000 fcfa ».
Selon Stéphane Akoa chercheur à la fondation Paul Ango Ela:
« si on libéralise le secteur à court terme, tous ces acheteurs vont ailleurs se fournir en produits pétroliers. Mais ensuite, c’est nous tous qui devront payer la différence pour compenser les dépenses de l’Etat en devises. Cela aura à moyen, voire à long terme, une incidence non négligeable. Je me demande comment on pourra gérer cette situation quand elle adviendra. Car il faut bien à un moment donné, qu’on fasse les comptes et si ces comptes sont peu favorables, je me demande comment on fera à ce moment-là ».
Pour lui, cette libéralisation cache sans doute une augmentation des prix du carburant à la pompe d’ici le début de l’année, au vue des pressions longtemps ignorées du Fond monétaire international (FMI).