Cet après-midi au quartier Messassi à Yaoundé, une scène devenue habituelle depuis 48h, la circulation est bloquée.
Dans cette station service, comme dans quelques autres dans la capitale camerounaise où le carburant est encore disponible, plusieurs dizaines de véhicules attendent et se relaient pour carburer. Pour ceux qui réussissent à obtenir le précieux liquide, pas plus de 5 litres. Le carburant est d’ailleurs minutieusement rationné à la pompe.
Il est 23h au quartier Bastos et Firmin, chauffeur de taxi, qui a sillonné les coins de ravitaillement de la ville sans succès, est toujours à la recherche du précieux liquide. Épuisé et sans avoir trouvé de carburant, il entreprend de rentrer chez lui. Il ne pourra dont pas travailler le lendemain.
« Je me suis rendu compte aux environs de 19h, quand je passe au niveau de Tradex Bastos, j’ai vu une file de voitures alignées. 4h de temps après, mon boss m’appelle et me demande si je peux chercher du carburant pour qu’on puisse travailler demain, je dit oui. Mais, j’ai cherché déjà en vain et là je suis fatigué, je rentre à la maison. Il est possible que je ne travaille pas demain si je n’ai pas de carburant, puisque nous évoluons dans l’informel, nous travaillons avec le taxi. »
Pour Abdel moto taximan, ça fait pres d’une semaine qu’il a remarqué la pénurie d’essence. Il écume depuis lors les différents points de ravitaillement sans succès. En panne sèche, il entreprend de garer sa moto. Lui non plus ne pourra plus travailler.
« On va faire comment ? On bricole toujours. Les temps ci, on ne force même plus le travail parce qu’il n’y a pas le carburant. On a fait tout Yaoundé jusqu’à la poste centrale, on n’a pas trouvé de carburant. On est obligé de garer. Maintenant comme je suis là, je suis même déjà calé comme ça. C’est déjà finit. Je suis en panne sèche. »
Même son de cloche pour maxime, qui voit sa recette journalière baisser de manière drastique. Ce qu’il craint surtout, c’est qu’à l’issue de cette pénurie, il y ait à la clé, de grosses augmentations de prix du carburant à la pompe.
« C’est pénible. Le carburant est fini un peu partout dans la ville. C’est des pertes pour nous, si on n’arrive pas à travailler. On travaille parfois minimum 15 à 17 mil francs mais là, on ne peut plus rien faire. Ça peut toujours être possible que les prix augmentent toujours comme d’habitude. »
Depuis cette pénurie, une grande partie de la population marche à pieds, pour se rendre au travail et pour certains experts, c’est une manœuvre pour augmenter les prix du carburant à la pompe. Une situation qui, si elle perdure, plongerait des milliers de familles camerounaises dans l’insécurité alimentaire, en cette période de préparation des fêtes de fin d’année.