Entrée Carrefour Tam-tam weekend, dans l’arrondissement de Yaoundé 6 à Yaoundé, des kiosques à médicaments sont installés de part et d’autre de l’intersection, avec en moyenne un client au quart d’heure. Bernard, un jeune homme d’une trentaine d’années à qui nous parvenons à parler à la dérobée, est très pressé. Il achète du diclofénac, pour la modique somme de 200 fcfa.
“Actuellement j’ai mal au pied, mais je n’ai pas assez de moyens” Bernard, consommateur.
Le médicament de la rue est certes moins cher, mais ce n’est pas cet argument qui motive Yolande. La jeune femme vient de passer de longues minutes de consultation, avec le vendeur de médicaments du coin. Elle dit être toujours satisfaite du service.
“Non, ce n’est pas une question de moyens, c’est juste que lorsque je rentre un soir comme celui-ci, et que j’ai les courbatures, je ne vais pas aller à l’hôpital pour ça. Je préfère m’adresser à une personne qui fait dans le domaine, et je sais que j’aurai satisfaction chez lui. D’ailleurs, celui-ci n’est pas un «Docta » comme vous le pensez.” Yolande, fidèle cliente.
Pourtant, les raisons pour ne pas consommer les médicaments de la rue sont nombreuses. Dr. Tathana Lonti de la pharmacie du quartier Bastos, en énumère trois.
“Premièrement, celui qui vend dans la rue, n’a pas la maîtrise du médicament. Deuxièmement, ce sont des médicaments contrefaits. Le nom ne veut pas forcément dire que la molécule qui est à l’intérieur, traite ce que la boîte indique. Ce sont des médicaments fabriqués dans le marché noir. Troisièmement, la conservation. Il peut y avoir des produits de qualité, mais la conservation détruit le principe contenu dans le médicament.” Dr Tathana Lonti, docteur en pharmacie.
Dans son kiosque, trois étagères en bois pleines de produits, Joseph Zibi, 30 ans, exerçant depuis 2 ans, conteste ce point de vue. Pour lui, ils sont approvisionnés à la même source.
“L’essentiel est qu’ils ne soient pas exposés au soleil. Sinon nous essayons de conserver certains médicaments au magasin et d’autres aux températures recommandées. Les gens n’ont pas à dire au quartier que nos médicaments sont faux. Car, ce sont les mêmes délégués médicaux qui fournissent les pharmacies, qui nous fournissent également. Puisque ces délégués médicaux cherchent les pourcentages, il faut qu’on se le dise.” Joseph Zibi, vendeur de médicaments.
Sur la rumeur selon laquelle les points de vente de médicaments de rue sont promus par les pharmaciens, Dr Tathana Lonti est intransigeante:
” C’est une rumeur comme vous dites. Elle ne peut pas être vraie. Nous combattons la vente illicite des médicaments. Nous sommes là pour sauver des vies et non pour vendre.” Dr Tathana Lonti, docteur en pharmacie.
Au Cameroun, 50% des médicaments sont faux selon des statistiques publiées par L’Ordre des Pharmaciens du Cameroun en 2021.