C’est à la faveur d’un appel à candidature récemment lancé par Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO que le camerounais Lazare Eloundou Assomo a été nommé directeur du Centre du patrimoine mondial de l’Organisation. Devenant ainsi le premier africain à occuper ce poste.
Il remplace l’allemande Mechtild Rössler qui à pris sa retraite le 30 septembre 2021. Fort de 26 ans d’expérience professionnelle, dont 21 ans dans le domaine du patrimoine mondial, Lazare Eloundou Assomo est un homme de terrain autant qu’un habitué des plaidoyers pour la protection du patrimoine auprès des gouvernements. Il prendra ses fonctions en tant que directeur du Centre du Patrimoine mondial début janvier 2022.
Il est nommé dans un contexte où le Cameroun est dans le processus d’inscription des festivals du Nguon (Bamouns) et du Ngondo (Sawa) dans la liste du patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO. « Beaucoup de régions dans le monde ne sont pas suffisamment représentées, notamment l’Afrique et les petits États insulaires. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de Tour Eiffel que les sites ne sont pas importants ou n’ont pas de valeur universelle exceptionnelle. Nous allons lancer un dialogue avec tous les États pour corriger ce déséquilibre », confie le nouveau directeur à RFI. A date, 1154 sites sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.
En novembre 2022, la Convention pour le patrimoine mondial fêtera ses 50 ans. Une occasion de réflexion collective sur « les meilleures façons de faire prospérer notre démarche pour les cinquante ans à venir. Nous avons notamment deux défis à relever : d’une part rendre la liste du patrimoine mondial toujours plus représentative de la diversité culturelle et géographique mondiale ; d’autre part renforcer la protection des sites inscrits face aux nouveaux défis de notre siècle, liés au développement, aux conflits et au dérèglement climatique », déclare Lazare Eloundou Assomo.
26 ans au service du patrimoine mondial
Agé de 53 ans, il débute sa carrière en tant que chercheur associé au Centre international de la construction en terre de l’école d’architecture de Grenoble, en 1996. Il est alors chargé de mettre en œuvre des projets d’habitat en Afrique, puis en charge de la coordination pédagogique du programme de conservation Africa 2009 mis en place par le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO et l’ICCROM. Il rejoint l’UNESCO en 2003 au sein de l’Unité Afrique du Centre du patrimoine mondial, où il contribue à la création du Fonds pour le patrimoine mondial africain et au développement du Programme du patrimoine mondial pour l’architecture de terre (WHEAP).
De 2008 à 2013, il est Chef de l’Unité Afrique du Centre du patrimoine mondial. Il coordonne pendant cette période plusieurs projets de restauration au Mozambique (forteresse du site du patrimoine mondial d’Ilha), en Ouganda et au Mali, ainsi que des initiatives de développement des capacités dans cette région. On lui doit l’ouvrage Patrimoine mondial africain : une diversité remarquable, coécrit avec Ishanlosen Odiaua et publié en 2012 par l’UNESCO.
En 2013, il devient le patron de l’UNESCO au Mali. Tandis que le pays est frappé par un violent conflit armé, il est responsable de la protection du patrimoine culturel malien. Il conduit avec succès la reconstruction des mausolées de Tombouctou et la sauvegarde des manuscrits anciens.
Lazare Eloundou Assomo intègre le siège de l’UNESCO à Paris en 2016, d’abord comme Directeur adjoint de la Division du patrimoine et du Centre du patrimoine mondial. En 2018, il devient Directeur « Culture et situations d’urgence » : il coordonne à ce titre les réponses aux urgences du patrimoine affecté par les conflits et les désastres et la restitution des biens culturels au titre de la Convention de 1970.